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collectif citoyen du sud gironde pour l'école
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4 octobre 2009

Pourquoi nous refusons la prime de 400 euros perçue pour avoir fait passer les évaluations de CE1 ?

ACTU / Trois enseignants s’expliquent dans une lettre ouverte
 
 Nous refusons de garder cette prime car l’évaluation des élèves fait
 partie de notre métier. Les évaluations nationales de CE2 corrigées en
 équipe n’ont jamais fait l’objet de prime.
 
 
 L’instauration de bonus salarial va diviser les équipes enseignantes
 et nuire à leur travail pédagogique.
 
 
 La logique d’entreprise appliquée à l’école a déjà montré son
 inefficacité dans d’autres services publics.
 
Et cette prime n’a-t-elle pas pour autre objectif d’obtenir la caution 
des enseignants sur ce nouveau mode d’évaluation des élèves ?
 
Nous refusons les évaluations telles qu’elles ont été conçues et telles 
qu’elles nous ont été imposées sans concertation, cette logique d’examen 
conduisant :
 
- au tri des élèves avec les injonctions de rattrapage hors temps 
scolaire pour ceux qui n’ont pas réussi
 
- au classement des écoles qui en découlera à l’avenir avec les 
résultats rendus publics sur Internet
 
- à l’évaluation des enseignants sur la base de chiffres abstraits ne 
tenant pas compte du terrain, de l’environnement social, du parcours de 
l’enfant.
 
1) Elles n’évaluent qu’un pan bien réduit de ce que doit apprendre un 
enfant. Rien sur le rapport au monde et sa découverte. Rien sur l’oral. 
Rien sur les capacités imaginatives et créatives. Rien sur le rapport de 
sens au travail, aux savoirs, donc sur l’envie, le plaisir.
 
2) Elles ne donnent qu’une image figée de ce qui normalement devrait 
être un mouvement, une progression. Qu’en est-il des enfants, qui à 
partir de difficultés vécues auparavant, se mobilisent, donnent tout 
pour réussir et qui progressent, si au bout du compte leurs résultats 
sont quand même classés 0 ?
 
3) Elles font fi de la complexité de ce qu’on sait en choisissant pour 
des raisons purement statistiques et numériques (et de classement) une 
notation binaire injuste et automatiquement stigmatisante.
 
4) Conséquemment, à quoi vont servir ces évaluations si elles ne sont 
pas adaptées à la plupart des élèves de nos classes, sinon de les mettre 
en échec et donc dans le découragement.
 
Deux d’entre nous avons choisi de faire passer les évaluations de CE1 en 
juin dernier en transformant celles-ci en outil pédagogique utile à 
l’enfant, aux parents et aux enseignants.
 
Nous n’avons pas fait la correction binaire 0/1 mais noté ce que 
l’enfant avait effectivement réussi ou non. Nous avons fait ensuite un 
bilan avec chaque enfant sur ces acquis et les notions non acquises.
 
Ces notions ont été ensuite retravaillées en fin d’année scolaire par 
les enfants.
 
Nous avons organisé une rencontre réunissant tous les parents de nos 
classes pour leur montrer les cahiers d’évaluations de leurs enfants et 
leur expliquer notre position : ces évaluations font partie du processus 
d’apprentissage et doivent être un outil pédagogique pour aider les élèves.
 
Nous reverserons cette prime :
 
- à l’ICEM-pédagogie Freinet qui travaille à d’autres formes 
d’évaluation plus respectueuse de la globalité des apprentissages et de 
la personne de l’élève
 
- aux « désobéisseurs » qui se sont vus sanctionnés pour avoir refusé 
ces évaluations.
 
Nous partageons leurs valeurs et leurs actions pour la construction 
d’une école équitable, humaine et respectueuse de tous les enfants.
 
Françoise Vassort, Daniel Gostain et Emilie Hallauer
 

Enseignants de CE1 sur Paris

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