Quelles conditions pour éviter l'indiscipline en classe ?
Un rapport de l’OCDE, présenté mardi 16 juin, qui compare
pour la première fois les conditions de travail d’enseignants du secondaire
dans le monde, s’inquiète de la mauvaise conduite des 12-14 ans
Le manque de discipline en classe est un phénomène étendu à nombre
d’établissements et une menace pour la qualité de l’enseignement. L’OCDE
(Organisation pour la coopération et le développement économiques) l’a constaté
en procédant à une comparaison internationale sur ce thème dans les collèges.
Une première dans le cadre d’une enquête plus large sur les conditions de
travail des enseignants (enquête Talis).
Le volumineux rapport (307 pages) a été présenté, mardi 16 juin, à la
Commission européenne, qui a cofinancé cette enquête menée auprès de 90 000
enseignants du secondaire, public comme privé, travaillant auprès des 12-14
ans. Les enseignants interrogés, des femmes pour l’essentiel, proviennent de
centaines d’établissements choisis « au hasard » dans 23 pays.
Des élèves
plus dissipés à l'ouest qu'à l'est de l'Europe
Cette première évaluation reste très
partielle car de grands pays manquent à l’appel : les États-Unis, la France,
l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada. Mais, conduite en Espagne, Italie,
Belgique, et dans des pays d’Europe de l’Est, elle fait ressortir des tendances
communes.
Notamment, le manque de discipline mesuré en questionnant les enseignants sur
leur temps passé en début de cours à obtenir le calme, sur l’interruption de la
leçon du fait d’élèves, sur le niveau sonore général en classe et sur
l’implication des élèves pour créer un climat favorable à l’apprentissage.
L’évaluation de ce phénomène général fait toutefois apparaître un clivage
Est-Ouest en Europe. Alors que les enseignants italiens, espagnols et portugais
passent largement plus de 14 % de leur temps à ramener l’ordre dans leur classe
au lieu de faire cours, ce pourcentage reste proche ou sous les 10 % en
Pologne, Lituanie, Estonie, Slovaquie ou Bulgarie.
Dans d’autres régions du monde, comme au Mexique, au Brésil, en Turquie, en
Australie, en Malaisie ou en Corée, il dépasse les 13 %, moyenne des pays
étudiés. Au total, « dans trois établissements sur cinq, la mauvaise conduite
des élèves en classe est source de perturbation des cours ».
Impliquer
davantage les élèves
« Des classes plus petites, des enseignants
plus expérimentés, une pédagogie structurée améliorent le climat de la classe
», avance Michael Davidson, expert à l’OCDE présentant l’étude. « Les
enseignants qui font du travail en groupe ou utilisent d’autres outils
pédagogiques modernes impliquant les élèves ont moins de problèmes que ceux qui
en restent aux méthodes traditionnelles », ajoute Odile Quintin.
La directrice générale de l’éducation à la Commission, espère que la France,
marquée par « la ghettoïsation de l’enseignement et le manque de formation
continue des professeurs », s’intéressera à l’enquête. Par ailleurs, l’OCDE
montre que ce sont les enseignants les plus jeunes et aux contrats les moins
stables qui sont les plus exposés aux classes difficiles.
Sébastien Maillard
(Source La Croix)
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2377405&rubId=4077
.
.
.