L’Etat remet de l’huile sur le feu universitaire
ACTU
/ Education. La polémique se poursuit sur la formation des maîtres.
Pour
enterrer un projet, créez une commission. A ce vieil adage politique, le
gouvernement vient d’assener une violente riposte. Valérie Pécresse et Xavier
Darcos avaient créé la commission Marois-Filâtre (les noms de ses coprésidents)
chargée de leur remettre un rapport sur la réforme de la formation des
enseignants pour le 15 juillet. La logique était donc de reporter au
lendemain de cette date toute décision sur le sujet. Or, le ministre de
l’Education nationale a fait l’inverse, en soumettant les décrets relatifs à
cette réforme aux comités paritaires la semaine dernière.
Levée de boucliers. Ce
nouveau passage en force, qui réduit à néant tout le travail d’auditions et de
concertation de la commission Marois-Filâtre, a suscité une levée de boucliers.
L’ennui, pour le gouvernement, c’est qu’elle provient non seulement de ceux qui
ont contesté sa politique universitaire depuis de long mois (syndicats, SLU…),
mais également de milieux moins attendus sur ce terrain.
Ainsi,
Daniel Collet, Simone Bonnafous et Jacques Fontanille, pour la Conférence des
présidents d’université (CPU), ont-ils écrit à Xavier Darcos qu’ayant eu
connaissance «par hasard» de ces projets de décrets, il leur paraît «difficilement
acceptable de découvrir un certain nombre de dispositions dites permanentes qui
donnent à la réforme un cadre pré-établi». La CPU se déclare «choquée»
de n’avoir pas été informée de ces textes, et elle «ne peut accepter ces
projets de décrets qui mettent en cause les finalités des travaux de la
commission de concertation».
Même
tonalité chez les directeurs des écoles normales supérieures (ENS) qui évoquent
dans une lettre à Xavier Darcos leur «consternation collective»
suscitée par le projet de décret en ce qui concerne l’agrégation, concours dont
plus de la moitié des lauréats proviennent des ENS. La commission
Marois-Filâtre va-t-elle survivre à cet épisode ? Contacté hier par Libération,
Daniel Filâtre a refusé de répondre à nos questions sur ce sujet.
Rouleau compresseur. Ce nouvel
épisode des relations houleuses entre la communauté universitaire et le
gouvernement montre que ce dernier poursuit avec détermination sa tactique du
rouleau compresseur, sans respect même pour les institutions ou personnes dont
la complaisance à son égard n’avait pourtant pas manqué.
Par SYLVESTRE HUET
(Source Libération.fr)
http://www.liberation.fr/sciences/0101571426-l-etat-remet-de-l-huile-sur-le-feu-universitaire
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