Un rapport européen relativise l'efficacité des évaluations standardisées pour les systèmes éducatifs
ACTU / Les effets pervers des évaluations nationales
"Les outils d’évaluation ne doivent
jamais être conçus comme des instruments techniques neutres, ils sont au
service d’une vision de l’école". Rédigé par Nathalie Mons, maître de
conférences à l’université de Grenoble II, spécialiste de l’analyse
internationale des politiques éducatives, pour la Commission Européenne (Agence
Eurydice), un rapport étudie les politiques européennes d’évaluation
standardisée et leurs effets sur les acquis des élèves.
On sait qu'en France, les évaluations
nationales se sont multipliées et certaines ont été fort mal accueillies
l'année dernière, comme celle de CM2. Celle-ci a été critiquée à la fois
par des enseignants, entre autre sur son utilité et son efficacité et par des
spécialistes qui dénonçaient son manque de scientificité. Elles ont pourtant
été présentées par le ministère comme des outils de pilotage indispensables et
elles sont maintenues cette année.
De son étude approfondie des politiques
d'évaluation en Europe et dans les pays de l'OCDE, N. Mons tire plusieurs
conclusions qui amènent à relativiser l'efficacité des politiques d'accountability.
"La recherche n’a pas encore démontré par
quel processus ces tests pourraient permettre de faire progresser les acquis
des élèves" écrit N Mons. "Il y a certaines
pistes – les élèves, enseignants et parents confrontés à des objectifs clairs
offrant un challenge se mettraient en mouvement pour atteindre ces buts, cette
stimulation externe permettant de dynamiser l’ensemble du système. Outre le
fait que ces considérations assez vagues reposent sur des pré-conçus, certaines
de ces allégations théoriques ont été démontées par des recherches empiriques.
Par exemple, les enseignants peuvent être certes stimulés par la pression de
ces tests, mais dans le sens de pratiques pédagogiques qui peuvent être
considérées comme déviantes : le phénomène du « teaching to the test » qui
entraine une trop forte focalisation de l’enseignement sur les épreuves
standardisées, l’élimination officieuse des tests des élèves en difficulté,
voire une moindre attention portée aux « cas désespérés » qui ne permettent pas
à court terme de faire progresser les résultats de leurs écoles". C'est
d'ailleurs ce que montre l'analyse d'une expérience menée au Texas. Après de
bons résultats aux tests, on s'est aperçu que ceux-ci provenaient de la mise à
l'écart des élèves faibles.
Nathalie Mons invite à faire preuve de
circonspection dans la mise en place des évaluations.
" L’outil peut tout à fait avoir sa
place dans un système éducatif mais les effets pervers que l’on peut voir se
développer dans certains contextes nationaux invitent à la prudence"
écrit-elle. " Avant d’être techniques, les choix sont
tout d’abord politiques, un choix de modèle d’évaluation des politiques
publiques". Elle aborde également la question du passage des évaluations
et des distances à prendre quand l'institution s'auto-évalue. Sur ce point là
aussi, son étude interroge le discours officiel.
(Source Café Pédagogique) Pour lire plus :
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/09/18092009Accueil.aspx
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